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Si le mois de septembre est synonyme de rentrée scolaire pour les étudiants français, il évoque la
rentrée littéraire pour les auteurs et leurs lecteurs. Chaque
année, les étagères des libraires foisonnent de nouveaux ouvrages, fraîchement publiés à la
mi-août. La rentrée littéraire est alors lancée et la course aux prix pour récompenser quelques-uns de ces
nouveaux opus peut commencer. Pendant près de deux mois, les jurys des nombreux prix littéraires français (plus de 200
!) vont lire assidûment toutes les nouveautés avant d’annoncer les gagnants au mois de novembre. Mais qu’apportent
réellement ces prix aux auteurs et à leurs maisons d’édition ?
Les lauréats des grands prix littéraires ne reçoivent pas de petites statuettes, mais peuvent s’attendre à
une gloire certaine. En effet, les livres primés sont beaucoup plus médiatisés et bien mieux exposés en magasin,
arborant fièrement leur bandeau rouge avec le nom du prix en très grands caractères.
L’obtention d’un prix de renom influence ainsi les ventes de livres. Une étude récente de l’Institut GfK (N.D.L.R.: le plus grand institut d’études de marché d’Allemagne) indique qu’entre 2011 et 2015, les romans couronnés par les prix Goncourt et Goncourt des lycéens ont été vendus en moyenne à 345 500 et 394 000 exemplaires. Pour les ouvrages ayant reçu le prix Renaudot, ce sont en moyenne 251 500 exemplaires que les libraires vendent aux lecteurs, soit près de 21 000 exemplaires de plus que pour les romans ayant reçu le Grand Prix du roman de l’Académie française. Enfin, les prix Femina et Médicis permettent de multiplier par 8 le nombre de ventes des romans primés, et ce dans la semaine qui suit l’attribution de la récompense.
Lumière sur ces six prix littéraires qu’auteurs, éditeurs, libraires et lecteurs attendent chaque année avec impatience.
Prix Goncourt
Ce prix littéraire, créé en 1896 par le testament d’Edmond de Goncourt, écrivain naturaliste français, est l’un des plus convoités en France. La Société littéraire des Goncourt fut officiellement fondée en 1902 et le premier prix proclamé le 21 décembre 1903. L’ancienneté de ce prix justifie son prestige. Il récompense « le meilleur ouvrage d’imagination en prose, paru dans l’année », écrit par un auteur d’expression française. Ainsi, chaque année depuis 1920, les dix membres qui forment l’Académie Goncourt se réunissent chaque premier mardi du mois de novembre dans un salon du restaurant Drouant, rue Gaillon, dans le 2e arrondissement de Paris. Depuis 2014, Bernard Pivot est le Président de l’Académie Goncourt.
Prix Goncourt des Lycéens
C’est avec l’accord de l’Académie Goncourt que la Fnac (N.D.L.R. : chaîne de magasins spécialisée dans la distribution de produits culturels) et le ministère de l’Education Nationale créent le prix Goncourt des lycéens en 1988. Chaque année, 52 classes de lycéens — soit près de 2000 étudiants âgés de 15 à 18 ans — se penchent sur la douzaine de romans sélectionnés par l’Académie Goncourt. Le prix est remis au lauréat à Rennes, au début du mois de novembre.
Grand prix du roman de l'Académie française
Établi en 1914, le Grand prix du roman de l’Académie française est l’une des plus prestigieuses récompenses attribuées par l’institution. Il est décerné par un jury composé de douze membres de l’Académie.
Prix Renaudot
Le nom de ce prix, fondé en 1926, fait référence au précurseur de la presse écrite française, Théophraste Renaudot, également « médecin ordinaire » du roi Louis XIII. Son jury est composé de dix membres, journalistes et critiques littéraires, qui délibèrent également au restaurant Drouant, en même temps que le jury du prix Goncourt.
Prix Femina
Créé en 1904 et portant alors le nom de prix de La Vie heureuse, cette récompense littéraire devient le prix Femina en 1919. Il est une réaction féministe au prix Goncourt, mis en place un an auparavant. En effet, son jury est exclusivement féminin et se réunit le premier mercredi de novembre, à l’hôtel Crillon pour annoncer le titre de l’ouvrage gagnant. Depuis sa création, le prix Femina a été attribué chaque année, sauf en temps de guerre, soit cent cinq fois. Il a été remporté majoritairement par des hommes (66 écrivains récompensés contre 39 auteures primées).
Prix Médicis
Plus jeune né des grands prix d’automne, le prix Médicis a été fondé le 1er avril 1958 par la mécène littéraire Gala Barbisan et l’auteur Jean-Pierre Giraudoux, fils de l’auteur et diplomate Jean Giraudoux. Tout comme le prix Femina, ce prix est apparu en réaction aux choix conformistes des autres grands jurys littéraires et était décerné le même jour et au même endroit. Il est maintenant remis le premier vendredi de novembre, au restaurant La Méditerranée, situé place de l’Odéon. Ce prix récompense un roman dont l’auteur débute ou n’a pas encore une notoriété correspondant à son talent.
Chanson douce de Leïla Slimani, Gallimard, 240 pages - Prix Goncourt 2016
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame. À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
Leïla Slimani est une écrivaine et journaliste d’origine franco-marocaine. En 2014, elle publie son premier roman, Dans le jardin de l’ogre, remarqué par la critique. Elle est alors finaliste pour le prix de Flore 2014. Deux ans plus tard, son second ouvrage, Chanson douce, lui permet d’obtenir le prix littéraire français le plus prestigieux.
Petit pays de Gaël Faye, Grasset, 224 pages - Prix Goncourt des lycéens 2016
En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite soeur, Ana, dans un confortable quartier d'expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce "petit pays" d'Afrique brutalement malmené par l'Histoire. Gabriel voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l'envahit, l'imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français...
Gaël Faye est un auteur-compositeur-interprète et écrivain franco-rwandais. Né en 1982 au Burundi, sa famille s’installe en France l’année de ses 13 ans. Aussi influencé par les littératures créoles que par la culture hip-hop, il sort un album en 2010 avec le groupe Milk Coffee & Sugar (révélation Printemps de Bourges). En 2013 paraît son premier album solo, Pili Pili sur un Croissant au Beurre. Petit pays est son premier roman.
Le dernier des nôtres d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Grasset, 496 pages - Grand prix du roman de l’Académie française
«La première chose que je vis d'elle fut sa cheville, délicate, nerveuse, qu'enserrait la bride d'une sandale bleue...» Manhattan, 1969 : un homme rencontre une femme. Dresde, 1945 : sous un déluge de bombes, une mère agonise en accouchant d'un petit garçon. Avec puissance et émotion, Adélaïde de Clermont-Tonnerre nous fait traverser ces continents et ces époques que tout oppose : des montagnes autrichiennes au désert de Los Alamos, des plaines glacées de Pologne aux fêtes newyorkaises, de la tragédie d'un monde finissant à l'énergie d'un monde naissant... Deux frères ennemis, deux femmes liées par une amitié indéfectible, deux jeunes gens emportés par un amour impossible sont les héros de ce roman tendu comme une tragédie, haletant comme une saga. Vous ne dormirez plus avant de découvrir qui est vraiment «le dernier des nôtres».
Le dernier des nôtres est le second roman d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre, journaliste et romancière française, descendante de la princesse Isabelle d’Orléans. Après un parcours littéraire et un bref passage dans le monde de la finance, Adélaïde prend le chemin du journalisme. Elle est aujourd’hui directrice de la rédaction pour le magazine Point de vue, un magazine people qui fait la part belle aux familles royales.
Babylone de Yasmina Reza, Flammarion, 220 pages - Prix Renaudot 2016
Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C'est l'image d'eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l'excitation d'être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d'autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l'infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j'entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l'irrémédiable. Élisabeth, la narratrice, âgée d'une soixantaine d'années, organise une petite fête de printemps : une soirée entre amis et voisins, dans son appartement de la banlieue parisienne. Mais la situation débouche sur un drame sanglant.
Yasmina Reza est une romancière, dramaturge et scénariste. Ses oeuvres sont traduites dans plus de trente-cinq langues et ont été récompensées plusieurs fois, en France et à l’étranger. En 2000, elle reçoit le Grand prix du théâtre de l’Académie française pour l’ensemble de son oeuvre dramaturgique. Son second roman, Heureux les heureux, est récompensé par le Prix littéraire du Monde et le Prix Marie Claire du roman féminin en 2013.
Le garçon de Marcus Malte, Zulma, 528 pages - Prix Femina 2016
Il n’a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin – d’instinct. Alors commence la rencontre avec les hommes : les habitants d’un hameau perdu, Brabek l’ogre des Carpates, philosophe et lutteur de foire, l’amour combien charnel avec Emma, mélomane lumineuse, à la fois sœur, amante, mère. « C’est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l’existence : nombre de ravages et quelques ravissements. » Puis la guerre, l’effroyable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de ce que l’on nomme la civilisation. Itinéraire d’une âme neuve qui s’éveille à la conscience au gré du hasard et de quelques nécessités, ponctué des petits et grands soubresauts de l’Histoire, le Garçon est à sa façon singulière, radicale, drôle, grave, l’immense roman de l’épreuve du monde.
Marcus Malte — Marc Martiani de son vrai nom — est un auteur français, connu pour ses romans policiers et ses ouvrages de littérature jeunesse. En 2008, il remporte le grand prix des lectrices de ELLE (catégorie roman policier) pour son ouvrage intitulé Garden of Love. Quatre années plus tard, son roman Les Harmoniques remporte le prix Mystère de la critique. Avec ce nouveau prix littéraire 2016, décerné par un jury exclusivement féminin, il semblerait que Marcus Malte sache parler aux femmes !
Laëtitia ou la fin des hommes d’Ivan Jablonka, Seuil, 400 pages - Prix Médicis 2016
Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laëtitia Perrais a été enlevée à 50 mètres de chez elle, avant d'être poignardée et étranglée. Il a fallu des semaines pour retrouver son corps. Elle avait 18 ans. Ce fait divers s'est transformé en affaire d'Etat : Nicolas Sarkozy, alors président de la République, a reproché aux juges de ne pas avoir assuré le suivi du "présumé coupable", précipitant 8 000 magistrats dans la rue, en février 2011. Mais Laëtitia Perrais n'est pas un fait divers. Comment peut-on réduire la vie de quelqu'un à sa mort, au crime qui l'a emporté ? Pendant deux ans, Ivan Jablonka a rencontré les proches de la jeune fille, sa soeur jumelle, ses parents, ses amis, les responsables des services sociaux, ainsi que l'ensemble des acteurs de l'enquête, gendarmes, juges d'instruction, procureurs, avocats et journalistes, avant d'assister au procès du meurtrier, en octobre 2015. De cette manière, Ivan Jablonka a pu reconstituer l'histoire de Laëtitia.
Ivan Jablonka est un écrivain et historien français. Bien qu’il ait de nombreux ouvrages à son actif, Laëtitia ou la fin des hommes est son premier roman.
Les romans Chanson Douce, Babylone et Laëtitia ou la fin des hommes sont disponibles sur la Culturethèque et à la bibliothèque de l’Alliance française de Melbourne. Vous pourrez également retrouverPetit Pays, Le Garçon et Le dernier des nôtres à la bibliothèque de l’Alliance française de Melbourne. Bonne lecture !
Texte - Lorine Bandier
Traduction - Lorine Bandier et Amy Miniter