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L’Alliance Française de Melbourne rend hommage à la comédienne française Jeanne Moreau, à travers 6 films à l’affiche de l’Alliance Française
Classic Film Festival : Jeanne Moreau, a retrospective.
Rencontre avec Michel Richard, le directeur de l’Alliance Française de Melbourne.
Après un premier festival consacré aux blondes dans le cinéma français en 2016, l’Alliance Française Classic Film Festival a l’année
suivante changé de cap en rendant hommage à l’une des grandes figures du cinéma français, Jean-Paul Belmondo. Pourquoi Jeanne Moreau en
2018 ?
Parce que Jeanne Moreau est morte en 2017 et qu’il n’était pas possible de ne pas lui rendre hommage. Dans l’imaginaire des cinéphiles du monde entier, elle est considérée comme la plus grande actrice française de tous les temps. Orson Welles, avec qui elle a tourné 3 films et entretenu une longue amitié, disait d’elle qu’elle était la plus grande actrice au monde. Sa longévité dans le monde du cinéma est exceptionnelle : 46 ans de carrière, 147 films au compteur, sans oublier une carrière au théâtre et dans la chanson absolument remarquables.
Justement, comment as-tu pu opérer une sélection de 6 films dans une filmographie d’une telle richesse ?
En l’occurrence, ce fut assez facile. Notre parti pris était dès le départ de sélectionner ses films les plus emblématiques à divers titres. A travers cette sélection, on trouve trois catégories de films :
Ceux qui sont entrés de plain-pied dans l’histoire du cinéma et y resteront. Dans cette catégorie, on trouve deux films issus de la Nouvelle Vague : « Ascenseur pour l’échafaud » de Louis Malle, dont le succès est retentissant et impose Jeanne Moreau sur la scène internationale. Il y a aussi « Jules et Jim », de François Truffaut, film construit autour du personnage incarné par Jeanne Moreau et qui fait régulièrement partie des listes des dix meilleurs films de tous les temps. Enfin, il y a « Journal d’une femme de chambre » de Luis Buñuel, où Moreau campe une domestique assez affranchie.
Je qualifierais les films de la deuxième catégorie d’œuvres que tout amateur de cinéma se doit d’avoir vu au moins une fois dans sa vie. « Moderato Cantabile », de Peter Brook, où Moreau forme avec Belmondo un couple inattendu et bouleversant. Le film vaut à Moreau un prix d’interprétation féminine à Cannes et signe le début d’une longue collaboration avec Marguerite Duras, qui a écrit le roman et co-signe cette adaptation cinématographique. Et puis il y a Eva, de l’américain Joseph Losey, film franco-italien en langue anglaise. Je le précise car des co-productions internationales de cette sorte, les années 60 et 70 en regorgeaient !
Enfin, à part de tous les autres, « la vieille qui marchait dans la mer », de Laurent Heymann, film pour lequel Jeanne Moreau remporta un mérité et cependant très tardif César en 1992.
Mais que racontent tous ces films au juste ?
Des histoires, forcément ! Surtout, ils donnent à voir une actrice qui fascine par l’étendue de sa palette de jeu : le visage éperdu de
Florence Carala, errant la nuit dans les rues de Paris à la recherche de son amant, enveloppée par la musique Jazz de Miles Davis ; les
larmes et le cri bouleversant d’Anne Desbaresdes qui rejoue un drame de la passion amoureuse qu’elle ne connaîtra probablement jamais ;
le sourire de Catherine, qui aime Jules et Jim dans l’insouciance et la gravité ; l’effronterie subtile de Célestine ; Une autorité
diabolique que dissimule Eva sous ses minauderies ; l’élégance de Lady M et sa maîtrise du jargon ordurier. Tous ces personnages brossent
les portraits de femmes libres qu’incarne avec intensité une Jeanne Moreau au sommet de son art.
As-tu un film préféré par hasard ?
Sans hésiter, ‘Eva’, de Joseph Losey, le seul film où l’on parle en anglais ! Lorsque Moreau tourne Eva au début des années 60, elle est au
sommet de sa carrière et les metteurs en scène du monde entier veulent travailler avec elle. Comme elle l’avouera dans une interview en
2008, l’actrice profite surtout de cette notoriété pour faire savoir au metteur en scène américain Joseph Losey combien elle aimerait
tourner avec lui. Elle impose ce dernier sur un projet bâti pour elle sur mesure. Le résultat est fascinant : dans une Venise hivernale
sublimée par la photographie du célèbre Gianni Di Venanzo, ‘Eva’ dresse le portrait d’un homme dont la virilité va être salement mise à mal
par la femme qu’il a décidé de conquérir. Jeanne Moreau est ‘Eva’, une femme fatale vénale et mystérieuse comme on en voit peu au cinéma et
qui ira jusqu’au bout pour humilier un homme qu’elle méprise totalement. Eva parle peu mais tout est dans le langage du corps. Pourquoi
agit-elle ainsi ? Libre à chacun de l’imaginer à travers la myriade de détails fournis par Losey, dont ce titre obsédant de Billie Holiday,
‘Willow weep for me’, qu’Eva trimballe en toutes circonstances avec son élégant petit tourne-disque portatif.
Entretien réalisé par Adèle Bouet, responsable de la médiathèque de l’Alliance Française de Melbourne.
En un mot : quelles sont selon toi les qualités d’actrice de Jeanne Moreau ?
Elle n’a pas froid aux yeux. Elle n’a pas peur d’endosser des rôles difficiles, voire antipathiques. C’est extrêmement courageux, ça, de courir le risque de déplaire au public ! Peu d’actrices ont osé aller sur ce terrain. Il y eut Bette Davis et il y a surtout aujourd’hui Isabelle Huppert, digne héritière de Jeanne Moreau.
Pour plus d'informations, et pour acheter des tickets pour l'Alliance Française Classic Film Festival, rendez-vous au www.afclassicfilmfestival.org
Presenté à l'Astor Theatre du 8 - 11 novembre, 2018.