Le Beaujolais Nouveau arrive à l'Alliance Française !


Entretien avec Paolo Michaut.
Ambassadeur de la Maison Chapoutier en Australie

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L’Alliance Française de Melbourne renoue avec la tradition de fêter le Beaujolais Nouveau, le 17 novembre prochain, à partir de 19 heures. Pour faire de cette soirée un moment mémorable de partage autour de la dégustation de ce jeune vin, l’Alliance Française s’est associée à la FACCI (French Australian Chamber of Commerce & Industry) et à la Maison Chapoutier. Vous pourrez tester vos connaissances œnologiques en participant à notre Trivia. Une tombola vous permettra de tenter votre chance afin de remporter de nombreux prix, dont une visite du domaine Chapoutier à Heathcote. Vous pourrez aussi découvrir le groupe La Mauvaise Réputation, originaire de Melbourne, dont les paroles en français se marient à une musique d’inspiration tzigane très enivrante !


Cet entretien a été conduit avec l’un des initiateurs de ce bel événement à venir, Paolo Michaut, un jeune VIE (Volontariat International en Entreprise) qui représente la Maison Chapoutier en Australie.


Comment as-tu développé ta passion pour le milieu viticole et quel a été ton parcours ?

Plus jeune, j’ai travaillé pendant plus de huit ans avec mon oncle. Il travaillait chez Nicolas (N.D.L.R : une enseigne française créée en 1822 et spécialisée dans la vente de vin). J’ai ensuite voulu poursuivre mes études dans cette filière, en intégrant l’École Supérieure d’Agricultures d’Angers où j’ai effectué un Master en Œnologie, Viticulture et Marketing. Je travaille désormais pour la Maison Chapoutier, propriétaire de la Maison Trenel en Beaujolais.


Pourquoi as-tu choisi la Maison Chapoutier ?

En 2014, la Maison Chapoutier a acquis d’autres maisons viticoles, notamment la maison Trenel qui produit du beaujolais près de Mâcon, dans le centre-est de la France. La Maison Chapoutier possède une longue histoire et c’est ce qui m’a intéressé. Elle a été créée en 1808 et est dirigée aujourd’hui par Michel Chapoutier qui représente la septième génération de vignerons dans la famille. Il a repris la Maison familiale en 1990 et a toujours souhaité faire découvrir à sa clientèle des vins issus de différents terroirs. Aujourd’hui la Maison Chapoutier est présente dans plus de 100 pays et produit des vins allant de 15 dollars à 600 dollars. Si on ne réussit pas aujourd’hui à mettre de bons vins d’entrée de gamme sur les tables des restaurants, on perd la relation de confiance avec le client, qui se tournera vers d’autres boissons. C’est l’un des paris audacieux de Michel Chapoutier.


Comment envisages-tu la culture du vin, d’un point de vue français ?

Le vin fait partie de la culture française depuis des siècles. C’est une boisson qui a toujours accompagné nos repas. Il est important d’associer le vin à la gastronomie. Dans l’optique française, il y a toujours un vin qui pourra accompagner un plat.

Le beaujolais nouveau est un vin de copains ! Ce n’est pas un vin qui recherche la complexité et il n’a pas un très grand potentiel de garde. Cependant, il représente parfaitement la culture française. C’est un vin de table léger, qui ne prend pas le dessus sur les saveurs cuisinées avec lesquelles il est possible de le déguster.
 

Dans la tradition viticole française, le beaujolais nouveau n’est pas considéré comme un grand cru et c’est pourtant l’un des vins les plus vendus au monde. Peux-tu nous expliquer comment ce vin est né dans une région riche de dix crus, parmi les plus subtils ?

Le beaujolais nouveau est un vin de l’année. Un vin « primeur », comme cela se dit dans le jargon viticole, qui ne pourra pas être conservé longtemps. Il faut donc le sortir tôt si l’on souhaite le commercialiser. La période choisie a été établie au 3ème jeudi du mois de novembre, en raison des contraintes du calendrier. Voilà pour l’aspect commercial. Côté tradition, le beaujolais nouveau remonte au XIXème Siècle. C’est avant tout une manière de célébrer l’esprit du vin, sa jeunesse éternelle, à travers un cru destiné justement à ne pas vieillir.

Comment allies-tu la culture française avec la culture australienne dans ton travail ? La Maison Chapoutier a-t-elle intégré sa tradition française au mode de production australien ?

La Maison Chapoutier s’est installée en Australie en 1996, en réaction à la logique terroiriste des AOC qui sont très restrictives en termes de cahier des charges. Pour faire du vin qui portera le nom de « Champagne » ou autre, il est impératif de respecter un cahier des charges très précis afin de pouvoir prétendre à l’appellation. Dans les années 90, Michel Chapoutier est venu faire des « castings » de sols en Australie, afin de voir si le terroir du Victoria serait propice à la culture de vignes permettant de produire du Shiraz. Ce cépage est l’équivalent australien de notre Syrah française.

En s’installant en Australie, la Maison Chapoutier a voulu apporter une logique de terroir dans un pays où les vins sont définis par leur cépage et non par le sol. Michel Chapoutier n’est pas le seul à s’être installé hors de France, mais il est l’un des premiers à avoir acheté des parcelles de vignes à l’étranger. Dominique Portet, originaire de la région bordelaise, s’est aussi installé dans le Victoria, en choisissant la Yarra Valley. Aujourd’hui, beaucoup de français viennent en Australie pour travailler dans le milieu du vin car c’est un pays très dynamique, autant sur la connaissance du vin que sur sa fabrication.



La soirée du 17 novembre, qui aura lieu à l’Alliance Française à St Kilda, proposera une tombola. Le premier prix est une visite des terres australiennes de la Maison Chapoutier. Peux-tu nous-en dire d’avantage sur le déroulement de cette visite et en quoi celle-ci peut être enrichissante ?

Lorsque j’ai échangé avec l’Alliance Française et la FACCI concernant cet évènement, j’ai pensé qu’il pourrait être intéressant de faire venir les gagnants près de la ville d’Heathcote, où se trouve la cuverie australienne de la Maison Chapoutier, afin de voir où et comment notre vin est produit. Faire du vin peut sembler assez simple, cependant, la production des raisins est complexe. La visite permettra également de découvrir notre parcelle de Shiraz et peut-être même de s’essayer à la viticulture !

Où se déroulera cette visite ?

Juste après les Macedon Ranges, à une centaine de kilomètres de Melbourne. Il faut passer au milieu de blocs de granits. Les français qui visitent cet endroit diront que cela leur rappelle la Bretagne et les Australiens qui vont en Bretagne diront que cette région française leur rappelle les Macedon Ranges.



Peux-tu nous recommander de bon restaurants dans cette région ?

Il y a d’excellents restaurants dans la campagne du Victoria. À Heathcote, il y a de formidables fromages locaux. Les gagnants du premier prix ne partiront pas le ventre vide : nous leur concoctons une dégustation de fromages, assortis avec les vins en dégustation.

La fin de bouche ?

Les festivités liées au beaujolais nouveau ne doivent pas être envisagées comme la célébration d’un vin en particulier. Il s’agit plus de fêter le dur labeur des vignerons au cours de ce millésime si compliqué qu’a été 2016 ! Nous avons tous vu des photos du Terroir de Chablis, sur lesquelles se trouvent des viticulteurs au travail depuis 5h du matin qui allument des feux pour lutter contre le gel ! Fêter le beaujolais nouveau c’est fêter l’amour de la vigne, du travail de la Terre. C’est une fête de la viticulture en général plutôt qu’une fête du bon vin. Le beaujolais, c’est un vin qui fait parler, qui passionne et qui déchaine les passions.

Entretien conduit par Michel Richard, avec la complicité d’Elise Fouqueray

Transcription et traduction du français à l’anglais par Lorine Bandier

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